« Il y eut Erù, le Premier, qu'en Terres du Milieu, on appelle Ilúvatar. Eru fut et sera toujours la Lumière du monde. Les vieilles légendes sont vastes à son sujet et les raisons pour lesquelles il nous créa encore plus. Cependant, quand vint le temps d'amener la vie sur notre monde, Erù commis une erreur. Celle de nous amener ensemble. »

Le Sorcier avisa les membres de la communauté. Ils se réunissaient pour la première fois depuis plusieurs mois et pour répondre à une situation de crise.

« Ce fut notre rôle de rétablir la paix entre nos peuples. Magiciens et Elfes ne côtoient plus les mêmes terres depuis presque 4000 ans... Mais notre répit semble avoir touché à sa fin. »

Tous les membres de ce conseil connaissaient l'Histoire de la Grande Guerre. Chacun portait le poids des siècles de violences qui avaient rongé leurs ancêtres. Il était aujourd'hui le seul à pouvoir se souvenir de cet ancien monde en guerre. Des images qu'il aurait aimé oublier lui arrachèrent un frisson d'appréhension.

« Le seul moyen que nous trouvâmes pour protéger les peuples d'eux-mêmes fut de leur faire perdre la notion même de l'existence de chacun. Nous sommes aujourd'hui les seuls êtres vivants à connaître la vérité. »

Soumis au serment inviolable, chacun d'entre eux avaient pour mission de maintenir ce passé enfouis.

« Le Sortilège d'Oubliette est aujourd'hui toujours actif. Cependant, le Sort de Désillusion jeté sur le fleuve Sirion est presque entièrement brisé. »

Une faille. C'est ce qui avait suffi à tout détruire. Une faille entraînée par la nature elle-même. La terre avait littéralement bougé. Comme si la nature avait voulu reprendre ses droits, comme si Erù lui-même... Non. Erù ne voudrait pas revoir son monde brûler comme dans l'Ancien Temps.

« L'océan que chaque peuple pensait voir va désormais réapparaître en tant que fleuve et avec lui, les rives de celui-ci. Les jours nous sont donc comptés avant que les premières rencontres ne se fassent. »

Malgré son assurance, l'orateur n'avait pas pu empêcher ses mains de devenir moites à l'idée que leur monde était de nouveau menacé.

« Gardiens, nous sommes à l'aube d'une révolution. Nos peuples ont évolué dans l'intime conviction qu'ils étaient seuls et vont maintenant devoir faire face à une civilisation différente de la leur. Vous avez été choisis pour protéger notre monde. »

Son regard s'ancra jusque dans l'âme de ces interlocuteurs.

« Faites-le. »